National 2. Pourquoi les Girondins n'y arrivent-il pas ?
Hier à 02:01 PM
Les Girondins de Bordeaux viennent de perdre cinq matchs de suite, avec des espoirs de montée qui s’éloignent. Mais comment l’équipe entraînée par Bruno Irles en est-elle arrivée là ? Décryptage…
« L'intensité était de notre côté, la volonté était de notre côté, les occasions étaient de notre côté. Et il n'en a pas fallu beaucoup pour qu'ils gagnent. » Après la défaite contre Blois Foot 41, la réaction de Bruno Irles a semblé lunaire. Quand on regarde le match de ce vendredi à Sainte-Germaine, son analyse est un peu exagérée. Car les Girondins ont été plutôt médiocres, comme c’est le cas depuis plusieurs matchs. Et ce n’est pas très étonnant.
Une préparation complètement tronquée
Lorsque le championnat a débuté, le 16 août 2024, les Girondins n’avait pas d’équipe. En trois jours, du 23 au 26 août, ce sont vingt-huit joueurs qui ont signé dont les « vétérans » Paul Baysse et Rio Mavuba. Le duo Bruno Irles / Dado Prso a donc découvert un groupe complet avec comme objectif un premier match contre le Stade Poitevin le… 31 août ! Les débuts sont (logiquement) timides avec une défaite (Dinan-Léhon) et trois nuls (Poitiers, Bourges, Châteaubriant).
Des premiers matchs que le staff bordelais avait pris comme de la préparation afin de rôder son collectif. Pas simple quand tous les concurrents étaient sur le pont depuis la première quinzaine de juillet. Après cette période d’adaptation, les Girondins ont eu un rythme de promu (11 victoires, 3 nuls, 1 défaite) avant de s’écrouler avec cinq défaites consécutives. Ce qui n’est pas du tout étonnant car l’équipe n’a pas du tout eu de préparation. Et ça se paye forcément dans la saison, comme avec les récentes blessures.
Un recrutement pas vraiment adapté
Après les signatures initiales fin août, les Girondins de Bordeaux ont recruté des joueurs étrangers qui ne connaissaient pas du tout le National 2 (Mutyaba, Diallo). Le problème, c’est que ce sont des joueurs qui coûtent cher – jusqu’à 10 000 euros par mois pour Etienne Beugré – et leur adaptation doit être expresse. L’excuse de la direction était les demandes prohibitives des joueurs français. Avec le salaire de l’attaquant ivoirien, le club au scapulaire aurait largement pu attirer trois bons joueurs de niveau National ou National 2.
Par exemple, Bourges FC a recruté Julien Charpentier et Gwenn Foulon en janvier. Deux joueurs qui apportent une vraie plus-value à l’effectif berruyer. Et ils coûtent la moitié du salaire de Beugré. En fait, c’est tout le recrutement qui est à revoir. Les Girondins manquent de milieux de terrain capables de créer du jeu. L’équipe manque également cruellement d’impact comme on a pu le voir lors des cinq derniers matchs.
Un effectif complètement déséquilibré
Que ce soit John Williams – le directeur sportif bénévole (sic) – ou les dirigeants bordelais, ils n’ont pas compris qu’ils bâtissaient une équipe pour évoluer en National 2. Il n’est pas possible de gagner des matchs en additionnant quelques talents. Surtout, l’équipe de Bruno Irles présente des manques criants au milieu de terrain avec peu de joueurs capables de faire la différence. Ce pourrait être Issam Ben Khémis, expérimenté à ce niveau et qui sort d’une belle saison avec Angoulême, mais il joue très peu (103 minutes). Jérémy Grain pourrait apporter de la profondeur mais il n’a pas été revu en National 2 depuis le mois de septembre.
Si la défense tient le choc quand elle est au complet – même si le niveau de Cédric Yambéré pose des questions depuis quelques matchs – l’attaque manque là aussi de créativité. Andy Carroll (7 buts) a tenu la baraque en début de saison. Yannis Merdji (8 buts) a pris le relais en janvier et février. Mais les ailiers sont trop irréguliers. En tout, huit joueurs ont joué au minimum 19 matchs sur 23. Ce qui montre le peu de turn-over.
Bruno Irles est-il l’homme de la situation ?
La titularisation d’Etienne Beugré, notamment, laisse sceptique plusieurs joueurs tant l’apport de l’attaquant ivoirien est maigre. Joue-t-il à cause de son statut ? Comme l’a expliqué Web Girondins dans Le Talk, trois cadres du vestiaire ont demandé un entretien à Bruno Irles pour discuter du turnover, de la tactique de jeu. L'entraîneur n'aurait pas donné suite à ces doléances comme ça se voit sur les dernières compositions d'équipe.
Issam Ben Khemis, Jérémy Grain ou Malick Seck ont réalisé un bon match avec l’équipe réserve à Lège Cap-Ferret. Auront-ils leur chance à Saint-Pryvé Saint-Hilaire ? Bruno Irles peut-il changer de système ? Car aujourd’hui, tous les techniciens de National 2 étudient les vidéos de leurs adversaires. Et beaucoup s’accordent à dire que le jeu des Girondins est très (trop ?) lisible. « Actuellement, ce n'est pas simple, mais nous avons identifié les raisons en interne, a assuré l'entraîneur bordelais au micro de Canal +. Je ne vais pas vous les dévoiler, mais on travaille dessus. » Rendez-vous le 4 avril pour voir les premiers effets !
Les joueurs sont-ils vraiment concernés ?
« Pour ma part, je vis au jour le jour. On ne sait pas ce qu'il peut se passer demain. Ce qui viendra après cette saison, c'est trop tôt pour y penser. » Comme l’a avoué Driss Trichard dans Sud-Ouest, les joueurs sont dans l’expectative. « Je pense qu’il y a de la fatigue psychologique plus que physique, a souligné Emeric Depussay après la défaite contre Saumur sur Forever la radio. Ce qu’il y a autour du club avec le redressement, on ne sait pas encore où ça va. Ce n’est pas évident. »
Fatigue psychologique, peur du lendemain… les joueurs sont-ils vraiment concernés ? « On est dans une mauvaise période, a avoué Burno Irles après la défaite contre Blois sur TV7. Il y a un abattement dans les vestiaires. J'ai quinze jours devant moi pour relever la tête de tout le monde parce qu'on est les Girondins de Bordeaux et on se doit, par fierté, de montrer un autre visage » Mais en interne, plusieurs joueurs cherchent déjà une porte de sortie pour la saison prochaine. C’est un facteur qu’il faudra également gérer.
