Pierre Samsonoff : « La neutralité, seule valeur du football ? »

06/16/2024 11:47 AM

Billet d’humeur. Ancien directeur adjoint de la FFF, Pierre Samsonoff a tenu à réagir à propos du communiqué publié ce samedi concernant la neutralité de l’instance fédérale.

Le communiqué de la FFF rappelant sa « neutralité » quant aux « conséquences des résultats issus des urnes lors des élections européennes » s'inscrit dans une logique d'absence de courage fédéral, malheureusement à l'œuvre depuis plusieurs années. Comme sur le sujet des droits humains au Qatar, la Fédération s'abrite derrière l'article 1^er de ses statuts pour, surtout, ne pas avoir à prendre position.

Que la Fédération ne veuille pas s'impliquer en faveur ou défaveur de tel ou tel parti, cela s'entend. Mais qu'elle oublie, pour éviter le débat, les valeurs qu'elle est chargée de défendre et d'incarner constitue une faute morale d'une gravité historique.

« L’esprit de Munich souffle à la FFF »

Faut-il rappeler aux dirigeants fédéraux que l'article premier de leurs statuts ne parle pas seulement de neutralité ? Ont-ils oublié qu'ils sont chargés par le même article « d'empêcher toute discrimination ou atteinte à la dignité d'une personne, en raison notamment de son sexe, de son orientation sexuelle, de son origine ethnique, de sa condition sociale, de son apparence physique, de ses convictions ou opinions ». Ont-ils seulement conscience du fait que ce sont justement ces valeurs fondamentales qui seront en débat à l'occasion des futures échéances électorales ?

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Le silence assourdissant de la FFF sur cette question, jusqu'au communiqué d'hier, a placé l'équipe de France et son staff dans une position pour le moins inconfortable. Lorsque l'institution se tait, on questionne les individus. Les joueurs ont donc dû faire face à un flot roulant de questions sur lesquels ils sont libres, comme chaque citoyen, de s'exprimer ou non, d'avoir une opinion ou non. Si la Fédération avait eu le courage de rappeler les valeurs qui sont sa raison d'être, elle leur aurait évité d'avoir à répondre à des injonctions de prendre position. Mais lorsque les institutions sont lâches, on ne peut plus compter que sur le courage des individus. L'esprit de Munich souffle à la FFF, et malheureusement ce n'est pas celui de l'Euro.