
Titouan Richard, des souvenirs plein la tête pour l'international néo-calédonien

03/31/2025 08:09 AM
Jouer en Régional 2 et affronter la Nouvelle-Zélande devant plusieurs dizaines de milliers de spectateurs pour une place en coupe du monde, ce n'est pas impossible ! International avec la Nouvelle-Calédonie et élément de l'Olympique Salaise Rhodia, l'ailier Titouan Richard nous a accordé un entretien où il est revenu sur son incroyable aventure.
Titouan, peux-tu déjà nous retracer ton parcours en quelques mots ?
« J’ai 24 ans, je suis né le 4 décembre 2000 à Voiron, en Isère. Je suis parti à l’âge de 8 ans en Nouvelle-Calédonie avec mes parents et je suis resté 13 ans là-bas avant de revenir en France pour mes études, en même temps que mes parents. En matière de football, j'ai commencé au FO Voiron, de 5 à 8 ans avant de jouer en Nouvelle-Calédonie. A mon retour je cherchais un club près de Valence et je suis tombé sur l'Olympique Salaise Rhodia qui était alors en Régional 1et j'y suis toujours, désormais en R2. Je joue plutôt ailier. »
Un parcours qui explique comment tu es devenu international néo-calédonien…
« Effectivement ! Quand on joue en Nouvelle-Calédonie, où on est environ 250 000 habitants, c'est assez rapide de se faire repérer. Il y a des présélections qui se font quand on est jeune et du coup j'ai été pris en sélection U17, après j'ai fait des sélections U20 et depuis 2022 je suis en sélection A. »
En étant en France, comment procèdes-tu concrètement quand il y a des rassemblements ou des compétitions à l'autre bout du monde ?
« C’est effectivement toujours compliqué quand on n’a pas le statut pro et qu'on doit jouer des compétitions internationales. La Nouvelle-Calédonie est à 22 000 km donc cela demande déjà du temps de trajet à chaque fois, il y a le décalage horaire à encaisser… Dès qu'on a un regroupement, c'est minimum 7 à 10 jours. Personnellement, je travaille dans un supermarché et je dois anticiper mes congés. Après ils sont très souple avec moi donc là pour les dernières sélections par exemple j'ai pu partir en congé sans solde. Je préfère ça pour pouvoir avoir des vraies vacances plus tard.
Nos billets de train, d'avion, le logement et la nourriture sur place, tout est pris en charge. Donc même si on n'a pas de rémunération quand on est en sélection, on n'a pas non plus de dépenses. »
Comment se compose le groupe entre joueurs sur place et joueurs qui viennent de France (ou d'ailleurs) ?
« C'est à peu près moitié moitié mais depuis 2-3 ans la Fédération pousse les jeunes à partir en France pour engranger un peu d'expérience. Aujourd'hui on a pas mal d'éléments qui jouent ainsi principalement en National 3 et quelques-uns en National 2. Moi je suis un cas assez unique en jouant actuellement en Régional 2. »
Il y a également quelques éléments qui jouent ou ont joué plus haut et apportent leur expérience ?
« On a Jekob Jeno qui joue cette saison en Israël après être passé par le GF38 en Ligue 2 ou encore notre capitaine César Zéoula qui joue actuellement en N3 mais qui a disputé près de 100 matchs en Ligue 2 dans sa carrière et Georges Gope-Fenepej qui a des matchs de Ligue 2 et quelques-uns de L1. »
Est-ce que tu peux revenir sur votre parcours dans ces éliminatoires jusqu'à ce match face à la Nouvelle-Zélande ?
« En Océanie, il y a deux poules de quatre équipes. Les deux premiers de chaque poule se qualifient pour une finale à quatre avec un système du premier d'une poule contre le deuxième de l'autre pour les demi-finales et les vainqueurs se retrouvent en finale avec une qualification pour la coupe du monde à la clé. Nous on a fini premier de notre poule avec deux victoires contre les Iles Salomon (3-2) et la Papouasie Nouvelle-Guinée (3-1) et un nul contre les Fidji (1-1) ce qui nous a permis d'éviter la Nouvelle-Zélande, qui est l'ogre de cette zone géographique depuis que l'Australie joue avec l'Asie, en demie. Les matchs se jouent lors des fenêtres FIFA, comme pour les autres zones de qualification. En demi-finale on a affronté Tahiti (3-0), qui est un peu notre gros rival local puisqu'on a à peu près le même niveau.
Cela faisait un moment que la Nouvelle-Calédonie n'avait pas atteint ce stade-là. J'étais déjà là en 2022 pour les qualifications pour le Qatar et on s'était fait éliminer dès les poules par exemple. »
Titouan Richard : « On a joué devant 25-30 000 spectateurs »
Aviez-vous un objectif précis avant le début de la phase de qualification ?
« C'était vraiment de se qualifier pour les demi-finales, peu importe la place, pour amener un peu un nouvelle ère parce qu'il y a eu pas mal de changements dans l'équipe, avec un vrai rajeunissement du groupe. Pour que cela nous fasse une bonne base et de l'expérience pour préparer la suite. »
Raconte-nous un peu le contexte de cette finale face à la Nouvelle-Zélande…
« C'était à l'Eden Park, le stade des All Black. Je dirais qu'on a joué devant bien 25-30 000 spectateurs. Forcément c'est marquant quand comme moi on évolue au niveau amateur. »
La Nouvelle-Zélance était l'immense favorie, est-ce déjà une petite victoire de l'avoir tenu en échec pendant une heure avant de vous incliner (3-0) ?
« On s'était dit que le temps serait notre meilleur ami ce jour-là. L'objectif était de tenir un maximum. Les joueurs néo-zélandais sont tous professionnels, on savait que ça allait être plus que compliqué mais on voulait quand même les faire un peu douter. Je pense qu'on a fait un très bon match, on n'a pas eu peur de jouer, de relancer court. Au final ils marquent sur corner. Ils faisaient tous une tête de plus que nous et on savait que c'était leur gros point fort. Une fois qu'ils ont ouvert le score, ils ont un peu plus déroulé derrière. On les avait déjà joué il y a 4 ans et on s'était pris 6 ou 7-0 donc ce match il nous montre malgré tout tous les progrès que notre équipe a accompli ces dernières années et qu'on est sur le bon chemin. »
Cette défaite n'est pas pour autant la fin de votre parcours…
« Non on a effectivement un ultime tournoi de barrage qualificatif qui devrait se dérouler aux Etats-Unis sur le site de la coupe du monde. Il y aura six équipes (de toutes les zones géogrpahiques sauf l'UEFA) , les deux mieux classées seront directement qualifiées pour les deux finales et les vainqueurs des deux finales iront au mondial. On ne connait pas encore nos adversaires mais on sait que ça sera certainement encore plus fort que la Nouvelle-Zélande. »
Un petit mot pour conclure sur ta saison avec l'Olympique Salaise Rhodia ?
« Nous sommes descendus en Régional 2 cette année et on a connu un début de championnat difficile comme l'effectif a beaucoup changé. Mais cela va mieux désormais et l'objectif sera de retrouver rapidement le R1. »