Maxime Verrier, le « locataire » d'Heurtematte qui fait pleinement partie des murs
Aujourd'hui à 11:04 AM
Ses cris de guerre à s'en déchirer la voix, ses parades spectaculaires, son franc-parler : si vous êtes un suiveur du football normand, même de loin, il est impossible que vous n'ayez jamais entendu parler du dernier rempart du SU Dives-Cabourg, Maxime Verrier. Voilà bientôt dix saisons que le gamin de Verson a rejoint le club de la Côte Fleurie et comme toute bonne histoire qui se respecte, l'idylle qui s'est créée entre le SUDC et le gardien était loin d'être courue d'avance. "C'est la vie qui m'a amené là-bas", résume simplement le portier âgé de 32 ans. En 2015, alors qu'il gardait les cages de son club de jeunesse : l'AS Verson, au niveau régional, « Max », comme on le surnomme, a entrepris de passer son BMF (Brevet de Moniteur de Football) à Houlgate. "Je dormais là-bas parce que j'avais 45 minutes de route pour y aller le matin. Ça me faisait ch..., donc je dormais là-bas, mais je ne pouvais pas m'entraîner. Du coup, j'avais demandé à Nico Fontenelle (ex-joueur du SUDC) que je connaissais si j'avais la possibilité de m'entraîner avec eux ou avec la B. Philippe (Clément, l'entraîneur) m'avait dit : « Pas de problème, tu viens»".
Les premiers contacts établis, l'aventure de Maxime Verrier avec le SU Dives-Cabourg a réellement commencé un an plus tard, lors d'une des plus célèbres saisons de l'histoire du club : en 2016-2017, celle où en raison d'une réintégration tardive, le club de la Côte Fleurie s'est retrouvé dans un groupe de CFA2 (l'ancienne appellation du N3) aux côtés d'écuries du Sud-Est et de la Corse. "Il cherchait un gardien pour être sur le banc, il voulait avoir un gardien en plus", raconte le principal concerné. "J'ai fait un ou deux matches d'essais avec eux, comme Philippe a l'habitude de faire, puis ils m'ont proposé de rester. Et depuis, je ne suis jamais parti". D'abord censé être le remplaçant de l'illustre Anthony Isabel, le natif de Verson n'a pas eu longtemps à attendre son tour puisque son prédécesseur au poste s'est malheureusement blessé très sérieusement. "Il s'est pété le tibia-péroné. Il n'en est jamais revenu".
"J'ai toujours eu du cul. Devant moi, il y avait Riffi Mandanda qui était avec l'équipe de France et Nicolas Radovic (...) A chaque fois, j'ai réussi à jouer parce que Riffi ou Radovic étaient blessés"
Pour Philippe Clément, enrôler Maxime Verrier, 24 ans à l'époque, a tout eu du coup parfait. A travers ses performances marquantes et une fidélité sans faille, le portier est devenu incontournable dans la région, presque emblématique. Il faut dire que les fondations du gardien étaient des plus solides puisqu'il est, rappelons-le, un produit du centre de formation du Stade Malherbe. Là encore, une histoire de hasard. "Chez leurs U14 nationaux, il y a un gardien qui s'était barré je crois et c'est Frank Dechaume qui est venu me chercher", rembobine l'ultime rempart du SUDC. "Moi, j'étais en sport-études au collège Jean-Moulin. C'était la porte à côté pour lui, c'était une facilité". De là, l'actuel portier du SUDC s'est retrouvé à enchaîner les matches jusqu'à sa majorité malgré une vive concurrence dans sa génération. "J'ai toujours eu du cul. Devant moi, il y avait Riffi Mandanda qui était avec l'équipe de France et Nicolas Radovic qui a eu une petite carrière en N2--N3. Et il y avait Paul Reulet (aujourd'hui à l'US Granville) qui poussait derrière moi. Et à chaque fois, j'ai réussi à jouer parce que Riffi ou Radovic étaient blessés".
Coupe de France : l'objectif d'égaler les héros de 1999
Ce qui est vite devenu une évidence pour l'adolescent Maxime Verrier, c'est qu'il n'allait pas s'éterniser à l'école. "J'ai été déscolarisé très tôt, et j'ai continué le foot jusqu'à 18 ans au Stade Malherbe", confie-t-il. "Je n'ai jamais été très porté sur l'école. Je n'ai jamais eu le goût pour ça (...) J'ai vite compris que ce ne serait plus pour moi à partir du moment où on a mélangé les chiffres et les lettres en maths. Les «5ab=X », ce n'était plus pour moi déjà. C'était totalement irrationnel et tant que ce n'est pas du concret, moi, ça ne m'intéresse pas". Plus porté sur l'histoire, sa "matière préférée", le jeune Max faisait aussi des efforts en anglais "parce qu'il fallait draguer des Hollandaises au camping l'été" (et d'après ses dires, cela fonctionnait), mais c'était vraiment le football qui le portait. Aujourd'hui commercial et bon père de famille, le Divais reconnaît avoir un temps espéré vivre du ballon rond quand il fréquentait le SMC. "Au fond de moi, il y a quelque chose qui m'obligeait à y croire. Si tu n'y crois pas, ça ne sert à rien de prendre tes chaussures et d'aller t'entraîner".
"Si jamais on passe, il faut espérer Paris, remplir d'Ornano puis après, je pourrai arrêter tranquille. Je n'aurai aucun regret sur mon parcours d'amateur"
Jovial, bon camarade, bon vivant même, le gardien reconnaît qu'il n'a jamais mis toutes les chances de son côté pour réaliser son rêve. "J'adorais le foot, mais j'adorais aussi ce qu'il y avait à côté", ne cache-t-il pas. "Je n'étais pas à fond sur tout ce qui était hygiène de vie. Moi, à 18 berges, je faisais la bringue après les entraînements avec le groupe réserve - U19. Donc à un moment, ça commence à se voir..." Une fois son aventure malherbiste terminée, le jeune portier a alors opté pour un retour dans le club de son enfance, l'AS Verson, avec qui il a renoué avec grand plaisir . "J'ai joué avec plein de potes d'enfance avec qui j'ai commencé le foot. D'autres sont venus se greffer et sont maintenant devenus de grands copains. Là-dessus, je ne regrette rien du tout". La suite, vous la connaissez.
Celui qui se rapproche lentement mais sûrement de ses dix années passées au SU Dives-Cabourg est désormais au-devant d'un événement sans pareil. En Coupe de France, il s'apprête à disputer un 8e tour, samedi soir, contre les Tahitiens de l'AS Dragon, tombeurs de l'US Avranches (N2) au tour précédent. "Au bout, il y a quand même un 1/32e de finale avec la possibilité de s'offrir un souvenir, peut-être un truc dont on se souviendra toute notre vie. Si jamais on passe, il faut espérer Paris (le PSG), remplir d'Ornano puis après, je pourrai arrêter tranquille. Je n'aurai aucun regret sur mon parcours d'amateur (rires)". L'objectif est donc affiché : il s'agit de faire aussi bien qu'en 1998-1999, quand les hommes de Philippe Clément, déjà en poste à l'époque (!), avait affronté Lille (alors leader de D2) en 1/32e de finale, pour un revers 2-0. Pour ce faire, le si singulier club de la Côte Fleurie pourra encore une fois compter sur un gardien qui lui a fait une place spéciale dans son cœur. "Dives, c'est quand même devenu un sacré point d'ancrage ou port d'attache", conclut le joueur. "Deuxième maison, ça serait un peu fort car il y a des anciens qui sont là depuis bien plus longtemps que moi et qui font tourner la boutique depuis un moment. Je ne vais pas m'approprier les lieux, ce n'est pas moi le proprio". Si Maxime Verrier n'est pas un propriétaire, c'est au moins un bruyant locataire qui a déjà nettement marqué le SUDC de son empreinte.
> Coupe de France. 8e tour - SU Dives Cabourg (N3) / AS Dragon (L1 Tahiti), samedi 30 novembre à 20 heures au Stade Heurtematte.
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