
C'était mission impossible, les Girondins de Bordeaux l'ont fait un 19 mars : renverser l'AC Milan
03/19/2025 02:10 AM
Battus 2-0 en quart de finale aller de la Coupe de l'UEFA 1996, on ne donne pas cher des chances des Girondins de Bordeaux face à l'AC Milan, le 19 mars 1996. Mais, portés par une ambiance de folie, ils vont renverser leurs adversaires.
Les Girondins de Bordeaux vivent une saison 1995-1996 pénible en championnat de France. En mars, ils sont 16es sur 20… Mais, paradoxalement, la Coupe d'Europe leur donne des ailes. Après avoir remporté durant l'été la Coupe Intertoto, un marathon de huit matches en guise de préparation estivale se présente à eux : victoire contre les Danois d'Odense (4-0), nul devant les Finlandais d'Helsinki JK (1-1), puis victoires contre les Suédois de Norrköping (6-2), les Irlandais des Bohemians de Dublin (2-0), Francfort (3-0), face à Heerenveen2-0) et face à Karlsruhe (2-0 puis nul 2-2). Ouf !
Ils enchaînent les qualifications en Coupe de l'UEFA : en 32e de finale contre les Macédoniens du Vardar Skopje (2-0, 1-1), en 16e de finale face aux Russes du Rotor Volgograd (2-0, 1-0) et en 8e de finale devant le Betis Séville (2-0, 1-2) avec un but sublime d'un certain Zinedine Zidane en Espagne.
De l'Intertoto à l'UEFA
Les Girondins ont vécu un automne magnifique mais au printemps, en quart de finale, c'est une autre histoire avec l'AC Milan qui se dresse face aux Girondins. Le match aller à San Siro sonne comme la fin de l'aventure : 2-0 pour Milan (Eranio 29', Baggio 75e sur coup franc) qui fonce vers un nouveau titre de champion d'Italie sous la direction de Fabio Capello, avec des joueurs hors normes comme Franco Baresi, Paolo Maldini, Marcel Desailly, George Weah ou Roberto Baggio…
Finaliste de la Ligue des champions en 1993, vainqueur en 1994, finaliste à nouveau en 1995, l'expérience européenne du Milan est sans commune mesure avec la formation bordelaise qui aligne de jeunes talents comme Bixente Lizarazu, Zinédine Zidane, Didier Tholot, Richard Witschge, Christophe Dugarry entraînés par l'Allemand de Gernot Rohr, un des piliers du Bordeaux triple champion de France des années 1980.
Capello, après le match aller, décide de se passer du Croate Zvonimir Boban et du Yougoslave Dejan Savicevic pour faire jouer un jeune français, Patrick Vieira. Il laisse aussi sur le banc Marco Simone et confirme dans les buts son gardien remplaçant, Mario Ielpo, qui a déjà joué le match aller. Avec deux buts d'avance et une large supériorité technique affichée au match aller, pas de quoi s'inquiéter…
« À l'échauffement, nous étions en transe »
Le 19 mars 1996 au Parc Lescure, remonter un handicap de deux buts est une mission impossible pour les Bordelais. Mais leur stage de préparation sur les plages du Cap Ferret les dégage de toute pression : ils n'ont rien à perdre dans l'affaire et la suffisance affichée par l'équipe italienne les motive. Cela rappelle un peu la demi-finale épique contre la Juventus de Turin en 1985 (0-3, 2-0). Et c'est tout un stade qui soutient son équipe, 35 000 supporters prêts pour l'impossible dès que les équipes pénètrent sur la pelouse.
« À l'échauffement, nous étions en transe, se souvenait quelques années plus tard Bixente Lizarazu. Il y avait une telle énergie dans le stade… Notre détermination était totale. Ce match retour avait été facile à préparer car personne n'imaginait gagner car on avait pris une leçon au match aller… »
Les Milanais sont bousculés d'entrée par des Bordelais déterminés. À la 14e minute, Bixente Lizarazu déborde Christian Panucci sur le côté gauche et peut centrer vers Didier Tholot qui, en se jetant, parvient à toucher le ballon du droit : 1-0 ! « J'ai un peu de réussite, reconnaît Tholot. Ce n'est pas le plus beau de ma carrière, mais le plus important car on voulait marquer dans le premier quart d'heure pour les faire douter… »
Et c'est bien ce qui se produit. Bordeaux est euphorique mais reste discipliné et à la mi-temps, la moitié du chemin est faite, on pressent aussi que le plus dur est fait… À la 64e minute, un coup franc de Zinédine Zidane est dévié par le dos de l'arbitre, le ballon arrive sur Christophe Dugarry qui le reprend victorieusement du gauche : 2-0 ! Comme Saint-Étienne contre Kiev en 1976, le retard est comblé. Mais Bordeaux pousse encore et six minutes plus tard, Zidane file dans le camp milanais et décale parfaitement Dugarry à l'entrée de la surface de réparation pour une nouvelle frappe sans contrôle, sous la barre transversale : 3-0 !
« Ça me donne encore des frissons »
Milan KO debout met un certain temps avant de réagir, puis de pousser...