Ligue 2 : comment l'AC Ajaccio en est arrivé là

https://www.lequotidiendusport.fr/wp-content/uploads/2025/01/ICONSPORT_245443_0346.jpg

L’AC Ajaccio, club emblématique du football corse, traverse actuellement une des périodes les plus sombres de son histoire. Avant-dernier de Ligue 2 avec seulement 15 points, l’ACA se trouve dans une situation financière catastrophique qui menace son existence même. 

Selon les déclarations de Franck Leloup, directeur général du club, l’AC Ajaccio fait face à un déficit estimé à 7,5 millions d’euros au 31 décembre 2024. Cette situation alarmante s’explique par une série de facteurs qui ont plongé le club dans une spirale négative. Paradoxalement, le premier facteur fût la montée en Ligue 1 lors de la saison 2022-2023. Alors qu'elle aurait dû être une bouffée d’oxygène financière pour le club, ce court passage dans l'élite du football français s’est avéré être un piège. « On pensait que grâce à la montée en Ligue 1, cela allait nous aider à pérenniser le club grâce aux 13 millions de droits TV et 16,5 millions de CVC en Ligue 1. Mais, il faut savoir que le montant des sommes CVC ne peut servir qu'aux infrastructures du club. Cette manne financière n'était pas là pour combler les déficits », avait déclaré Franck Leloup, le 6 janvier, pendant une réunion organisée avec les supporters pour tenter de trouver un moyen de sauver le club.

Une succession de désillusions pour les Corses

Deuxième point noir dans les finances ajacciennes, « le contrat de sponsoring avorté avec un laboratoire médical portugais ». Ce contrat, d’une valeur de 5 millions d’euros, s’est révélé être une arnaque, laissant un trou béant dans les finances du club. Malgré des victoires juridiques en France et en Europe, les responsables de cette escroquerie ont disparu, emportant avec eux une grande partie des espoirs de redressement financier de l’ACA. De plus, la baisse des droits de diffusion télé a également porté un coup dur au club. Selon Franck Leloup, L'ACA aurait perdu deux millions d’euros à cause de cette diminution. Quand on sait que la dette s'élève à 7,5 millions d'euros, les 7 millions cités précédemment permettent de comprendre plus facilement les causes du déficit. 

Un manque d'aide cruel

Face à cette crise, les dirigeants de l’AC Ajaccio tentent de trouver des solutions, mais se heurtent à de nombreux obstacles. Dans le football, un moyen « simple » de récupérer de l'argent pour un club en difficulté est de vendre des joueurs. Mais là encore le club rouge et blanc a vécu des difficultés. Alors qu'il avait un accord avec Auxerre pour la vente de Tim Jabol, 1,4 millions d'euros étalé sur 4 ans, une contre-négociation avec un étalement sur 3 ans a fait capoter le transfert. 

Côté stade, Ajaccio n'est pas dans une meilleure position. Les 1,2 millions que coûte leur antre, Michel Moretti, pèse lourd dans le budget du club. Et alors que les dirigeants souhaiteraient le rétrocéder à une collectivité, aucune des municipalités ne semble intéressée. D'ailleurs cette dernière ne les aide vraiment pas beaucoup, comparé à d’autres clubs de Ligue 2. La ville d’Ajaccio ne verse que 90 000 euros, tandis que la Collectivité de Corse octroie 400 000 euros, immédiatement reversés au Centre du Sport et de la Jeunesse  Corse. Ces montants sont bien loin des 1,2 million d’euros reçus par des clubs comme Dunkerque ou Martigues.

L’AC Ajaccio se trouve aujourd’hui dans une situation critique, avec un besoin urgent de 3,5 millions d'euros, rien que pour terminer la saison. La menace d’une rétrogradation administrative plane sur le club, la DNCG ayant déjà pris des mesures conservatoires. En plus de cela, même si l’entraîneur fait tout son possible, il est forcément difficile pour les joueurs de s'impliquer à fond, et leur 17ème place de Ligue 2 en est probablement la preuve.

Alors que l'espoir était revenu avec l’annonce d'un potentiel repreneur, son désistement à encore plus assombri les perspectives d’avenir du club. Cette nouvelle a suscité des réactions contrastées, certains allant jusqu’à évoquer une possible fusion avec l’autre club de la ville(le Gazélec, actuellement en R1), une option qui reste pour l’instant hypothétique.

Une mobilisation populaire qui demande à se concrétiser

Face à cette situation critique, une mobilisation générale semble nécessaire. 150 des supporters du club corse, conscients de l’enjeu, ont organisé jeudi soir une réunion au lycée Saint Paul d'Ajaccio. Le but : trouver et discuter des solutions qui pourraient aider leur club à surmonter cette très mauvaise passe.

« On n’a pas vocation à laisser l’ACA mourir, confie, au micro de France 3 Corse, Louis Harmand, un jeune supporter. On va tout faire pour porter notre pierre à l’édifice et faire en sorte que le club, quelle que soit sa situation, renaisse de ses cendres ou continue de grandir. »

Première solution assez évidente : lancer une campagne de financement participatif sur Internet, même si trouver 7,5 millions d'euros de cette façon risque d'être compliqué. Alors une restructuration s'impose selon les supporters acéistes, comme l'explique Pierre-Nicolas Beretti, membre du « Cullettivu di u populu bianch’è rossu ». « On ne veut pas participer aux décisions mais au moins avoir un droit de regard, être au conseil d’administration. » Pour l'instant, rien de très concret n'est venu rassurer les Corses sur l'avenir du deuxième club de l'île avec le Sporting Club Bastia. 

L'article Ligue 2 : comment l’AC Ajaccio en est arrivé là est apparu en premier sur Le Quotidien du Sport.

×